Une histoire d’intensité et de dépression

Une histoire d’intensité et de dépression

Miss Gigotine, un petit bout de femme intense!

 

Suite à quelques articles que j’ai vu passer sur le web (entre autres, celui de l’Emmeredeuse) et le mouvement #Bellcause, j’ai eu envie de partager quelque chose: je suis une maman de BABI et j’en ai bavé solide. Qu’est-ce qu’un BABI? Une nouvelle étiquette? Une invention des années 2000!?!

Un BABI (bébé à besoin intense) est exigeant, pleure parfois beaucoup, dort très peu, est hypersensible et “hyperalerte” TOUT le temps… On parle d’un nourrisson qui ne peut pratiquement jamais être déposé. Contrairement aux bébés “normaux”, qui peuvent être comme ça au début et s’améliorer rapidement, ça persiste, 12, 18 mois… Un BABI peut pleurer des heures, à s’en faire vomir, si on essaie de le “casser” (pour finalement avoir un enfant encore plus anxieux sur les bras!). Les Babis ne sont PAS anormaux, mais dans l’échelles d’intensité, ils sont clairement dans le top 1%!!!

 

Ce n’est pas une fierté d’étiquetter notre enfant, loin de là! Pour moi du moins, ce fut salvateur de savoir que ce n’était pas “ÇA”, un bébé. Mon premier (et seul!) enfant est une BABI. J’ai appris ce que c’était à l’aube de ses 2 ans. Je suis descendue très bas, très très bas avant de savoir qu’un BABI existe. Quand les trucs de tous et chacun ne fonctionnent pas, que notre enfant a des réactions démesurées par rapport à une situation anodine, qu’on ne sait plus ce qu’on pourrait bien faire pour qu’elle finisse par faire la sieste… Ben l’étiquette BABI fait du bien à l’âme. Ça fait du bien de savoir que notre sentiment d’incompétence a une raison et qu’on est pas seule à se sentir ainsi!

 

Quand je dis être descendue bas: j’ai fait une dépression post-partum sévère. Est-ce parce que ma fille est une BABI? Je ne crois pas que ce soit la seule cause. Mon accouchement a été traumatique, l’allaitement également a été infernal (je raconterai une autre fois… si ça me semble pertinent…).

Ce n’était pas la vie que je voulais avoir. Je ne voulais plus être mère. Avoir un enfant était trop difficile et je savais que c’était pour la vie. Je ne pouvais pas non plus l’abandonner. L’évasion physique ne changeait rien. C’était dans ma tête!!! L’inquiétude d’être une bonne mère, de répondre à ses besoins, qu’elle ne manque de rien me suivait partout. C’était angoissant.

Dans la nuit du 31 décembre 2014, j’avais organisé mon “plan”: J’allais partir et emmener ma fille avec moi. Je parle bien d’idées suicidaires, pas d’un petit road trip mère-fille! Ce qui m’a retenu? Son père et ma propre famille. Qui étais-je pour faire passer ma souffrance avant leurs besoins? Ils ne méritaient pas de perdre leur fille, petite fille, femme, soeur… Et cette enfant non plus ne méritait pas ça!

J’ai appelé le CLSC. Une travailleuse sociale s’est occupée de nous le lendemain. Elle m’a dit que j’avais tout de même établi un beau lien d’attachement avec ma fille (un lien que je ne voyais pas, soit dit en passant). Je suis CERTAINE que ce lien a été créé grâce au portage. Une gentille dame est ensuite venue quelques heures par semaine s’occuper de ma fille pour me laisser respirer un peu. Je suis également médicamentée, malgré mon horreur des médicaments! Pourquoi j’en parle? Pour que les mères qui passent par là sachent qu’elles ne sont pas seules et que des ressources existent! Il existe aussi des communautés virtuelles de parents afin d’avoir de l’écoute et du soutien. Je répète: Vous n’êtes pas seule!

 

Ça redevient joyeux ici 😉

Les BABI sont intenses dans leurs peines, mais également dans leurs joies! À 2 ans passé, c’est encore difficile par moments, mais je sais au moins que je ne suis pas folle. Ma fille m’apprend lentement à lâcher prise sur la planification d’horaire et le désir de maison impeccable, à vivre le moment présent, à faire preuve de beaucoup de créativité pour désamorcer une crise ou inventer de nouveaux jeux. Il s’agit d’une enfant pleine d’énergie, qui a soif d’apprendre, invente des histoires et parle sans arrêt. Devenir mère a changé ma vie, à plusieurs niveaux. C’est grâce à elle si Miss Gigotine existe après tout!

 

Que vous ayez un petit BABI ou un enfant calme, le portage fait des merveilles au niveau du lien d’attachement, du sentiment de compétence à répondre aux besoins de notre enfant et pour nous redonner un peu d’autonomie. Je me fais maintenant un devoir de parler du portage au plus de gens possible. C’est une joie de voir une étincelle d’espoir s’allumer dans les yeux d’un parent épuisé!

 

 

 

MERCI d’avoir lu un peu de notre histoire et de parler ouvertement de vos propres expériences. Ensemble, on fera changer les préjugés et les tabous!

Geneviève, alias Maman Gigotine ?

 

 

 

[raw_html_snippet id=”facebook comment”]